• Le Carême, 40 jours pour oser.

    Une fois par an, prendre du temps, pour oser, avec Dieu.

    Nous avons tous envie de de changer certaines choses dans nos vies, des aspirations profondes ou moins profondes, mais qui sont toutes reliées à notre personne réelle.

    Ca peut aller du plus terrestre, comme arrêter de grignoter, prendre soin de soi, réorganiser son intérieur au plus spirituel, comme l'envie de ne pas se contenter d'une foi hebdomadaire et de vivre dans l'amour du Seigneur chaque jour.

    Malheureusement notre culture ne nous enseigne plus la prise de risque et il nous faut réapprendre à oser.
    Oser essayer de changer, tenter ce que nous ne croyons pas pouvoir accomplir, prendre le risque de ne pas y arriver, apprendre à réussir, à échouer, à persévérer...

    Il me semble que c'est un des enseignements de la foi chrétienne, un de ceux qui n'est pas mis en valeur mais plutôt déconsidéré par une succession d'images et nous incitant même à la stagnation, au non-effort, à la terreur d'échouer, d'être un perdant...

    Contrairement à ce que pense l'opinion publique, notre foi, elle, insiste, sur la gratuité inconditionnelle de l'amour du Seigneur...comment pouvons nous donc craindre d'échouer si notre bonheur nous est assuré ?
    En fait, notre vie est faite pour que nous aprenions, par nos propres tentatives, échecs et victoires, à répondre à cet amour, à en vivre.

    Si vous en doutez, il vous suffit d'annoncer à votre entourage que vous avez décidé de vous engager en profondeur dansle Carême...rien que l'idée que vous puissiez jeuner deux jours, le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, va en faire gloser plus d'un.

    Evidemment aucun argument rationnel mais énormément d'arguments de peur, d'aprioris et d'image.
    Rien que l'idée que vous osiez, que vous essayez, va rencontrer ce type de résistances qui vont ensuite céder à des réactions plus ou moins légitimes et modérées.

    Pour ma part, j'ai souvent eu droit à des remarques sarcastiques ou cyniques, générallement basées sur une grande méconnaissance du jeûne ou encore plus sur une apréhension guidée par le mépris à la mode pour la foi. Le plus commun est de me voir affubler d'une étiquette d'extrêmiste plus ou moins humoristique...

    Rien de grave, juste une façon maladroite d'exprimer une méconnaissance et la peur qu'elle engendre, rien qui ne puisse être réglé par une attitude ouverte et par une explication.


    En fait je crains bien plus l'attitude qui devient à la mode du "faux respect".
    L'émergence de l'Islam dans notre culture par ses moments les plus "visibles" coomme le Ramadan, sa découverte par notre société confrontée à une nouvelle identité forte, la difficulté de l'intégrer, à mené à des réactions qui vont de l'angélisme "antiraciste" aveugle à la réaction contre-identitaire la plus bornée...

    Ce malaise, naturel et temporaire, a fini par aboutir, chez le plus courant de nos concitoyens - agnostique, moyennement tolérant, largement ignorant du fait religieux - à se doter d'une réaction sur-prudente mais très politiquement correcte qui se joue sur l'air de "c'est pas mon truc mais je respecte", qui signifie en fait "si tu y tiens tant au point de t'énerver si je suis contre, on va en rester là"...

    Là encore, je préfère des questions maladroites à une peur dissimulée.
    De plus, contrairement à ce que la doxa journalistique répand par son ignorance et sa fainéantise intellectuelle, le Carême à très peu à voir avec le saoum du Ramadan.
    Le premier procède d'une volonté de personnelle purification qui consiste en une privation volontaire, partielle ou totale de certaines nourritures, souvent la viande et, depuis quelques années, en des actes de foi et une pratique spirituelle différente du reste de l'année.
    Le second est une interdiction religieuse de nourriture, de boisson, de tabac et de relations sexuelles, absolue de l'aube au coucher du soleil.
    Le principal point en commun est donc un certain renoncement afin de développer sa spiritualité et une origine dans la pratique du jeûne durant Yom Kippour juif.


    A l'origine, à son niveau le plus simple, le jeûne est utilisé par le croyant pour tenter de de nettoyer son âme intérieure et de la libérer de tout pêché. Le contrôle de soi en tant que sacrifice symbolique est l'occasion de développer son empathie et son sentiment fraternel par des actions de générosité et de charité.

    L'Eglise nous enseigne que le carême est un temps de pénitence et de réconciliation, de prière et de partage.

    Le mot qui pose problème est bien-sûr pénitence, la notion étant, pour la plupart d'entre nous associée à des images négatives et abusives due à notre méconaissance du sujet.

    Nous ne sommes pas assez à lire le Catéchisme de l'Église catholique qui décrit la pénitence comme une conversion du cœur accompagnée d’une affliction de l’esprit et d’une tristesse salutaires.

    Dans le sacrement de la réconciliation, l'Eglise utilise à des fins positives ce repentir, pour éviter qu'il se transforme en péché de délectation morose.

    En résumé, c'est l'anti procrastination spirituelle, la démarche de guérison qui mène à faire de nos erreurs et de nos regrets quelque chose de positif, qui, du mal et du péché, fait un outil pour nous approcher du Christ.

    Le repentir précède ainsi la situatiuon de pénitence qui mène de la confession à l'absolution et entraine la réparation (du dommage causé) qui valide l'absolution qu'a donnée le prêtre.

    Je ne vois pas enquoi ca devrait être un moment austère.
    Sérieux, certe, solennel, s'il le faut, mais en aucun cas la joie de la libération et du pardon, celle d'avancer dans sa vie en faisant du bien, ne devrait être entachée de négativité.

    De nos jours, le jeûne du Carême est davantage un jeûne spirituel pendant lequel nous sommes invités à nous séparer de nous même de ce qui prend trop de place dans notre vie, en fait d'y faire la place pour le Seigneur.

    En fait, à la réflexion, une telle démarche devrait se tenir tout le temps et je suis heureux de voir apparaître des grands mouvements tels que celui de la décroissance et de l'auto-modération.

    Cette démarche de libération me semble essentielle et saine et je bénis le Seigneur de nous l'avoir montré.

    C'est aussi pourquoi je fais maigre le Vendredi, par hygiène spirituelle et que j'essaye chaque jour de prendre le temps d'avoir le temps de prier, de Le louer et de savourer le monde qu'Il nous a donné.


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